Émancipation… Parité… Printemps arabe…
Voici le récit d’une conversation d’une fiancée musulmane à sa grand-mère. Nous avons trouvé cela suffisamment significatif de l’évolution courageuse des femmes du “Printemps arabe” pour vous transmettre ce dialogue…
“Une petite histoire avec ma grand-mère…”
“Mamie, j’ai une petite question à te poser :
– Pourquoi les islamistes peuvent-ils prendre quatre femmes et que la réciproque ne soit pas possible ? Tu sais grand-mère, en fait je trouve que les musulmans ne sont pas trop top ! Pourquoi peuvent-ils prendre quatre femmes pour eux tout seul ? Ce n’est pas que je veux critiquer cela, mais moi, alors je dis que je suis musulmane et je veux donc cinq hommes pour moi aussi. C’est juste, non ? Si les hommes veulent quatre femmes, moi je veux cinq hommes. Tout le monde parle maintenant d’égalité, de parité et tout un tas de trucs. Alors nous les femmes de Tunisie (voir la note 1 en fin d’article), on devrait dire qu’on veut cinq hommes pour nous. Qu’en penses-tu grand-mère ?”
Je vois la tête de grand-mère qui vire au rouge ! Elle va manquer d’air c’est sûr ! La syncope n’est pas loin… Et pourtant elle me répond quand même très courageusement :
– “Ma fille, ne te moque pas de la religion. C’est comme ça pour les hommes. On ne discute pas !”
Alors moi je lui rétorque :
– “Mais grand-mère, il faut être logique. On ne peut pas tout le temps être à la merci des hommes. D’abord, ce sont des ignorants. Ils ne savent rien. Ne connaissent même pas la femme et ils en veulent cinq en plus. C’est du gâchis. D’ailleurs, “on ne donne pas des perles aux cochons” comme dit le proverbe. Alors tu vois que j’ai raison…”
– “Et tu ferais quoi avec cinq hommes ?”, me demande ma grand-mère.
Sa question me plaît car je sens que je peux pousser un peu plus loin mes pions… Alors je lui dit avec conviction :
– “Ah ben ça, c’est pas bien difficile, je commencerais par dresser le premier pour qu’ils me soient entièrement dévoués à vie. J’en prendrais un autre comme esclave et il m’offrira une maison et un magasin. Je le ferais travailler au magasin et il me rapportera des dinars pour mes vieux jours… Avec le second, je lui apprendrais à venir manger dans ma main tellement il me sera docile et tout dévoué. Il sera mon préféré. Je ferais de lui tout ce que je veux et je m’amuserais beaucoup avec lui. Mais avec le temps, j’aurai besoin de me changer les idées et donc j’en prendrais un troisième pour découvrir d’autres aventures et ensuite un quatrième et un cinquième pour prolonger mes voyages avant de rejoindre l’ Éternel. Ce sera drôle d’avoir cinq hommes à soi ! Qu’en penses-tu grand-mère ?”
Pour impertinent que soit ma question, elle ne se démonte pas pour autant et me dit :
– “Mais qui a bien pu de donner des idées pareilles ma petite fille ! Des fois je me demande si tu feras une bonne épouse ?”
Alors je lui dit :
– “Mais grand-mère, comprends-moi, c’est logique, si les hommes font ça, nous on peut le faire aussi. Et puis en plus les hommes sont tellement moins intelligents et moins souples que nous, que ce serait vraiment une chose salutaire pour la société d’instituer ce petit changement. Car nous au moins on porte et on donne la vie, alors qu’eux ne pensent qu’à se bagarrer, à être les meilleurs, à se battre pour cela et on n’est jamais en paix. Mais si on a cinq hommes à nous, on peut espérer des jours meilleurs pour les peuples… C’est logique… D’ailleurs dans l’Himalaya, il y a des peuples qui fonctionnent déjà comme cela (comme au Bhoutan par exemple ou en Chine chez certains peuples comme les Moso (Lire ici !). Et du temps du Prophète, même les Bédouines pouvaient épouser plusieurs hommes (Lire ici !) et Khadija elle-même, la première épouse du Prophète n’avait-elle pas de nombreux employés dans son entreprise d’import-export dont Mahomet lui-même (lire ici !). Alors… Aurions-nous à ce point régressé pour n’être plus que personnes tributaires du bon vouloir des hommes ?”
Et ma grand-mère d’abonder dans mon sens en concluant :
– “Ah ma fille… Tu as peut-être raison après tout, mais commence donc par dresser ton premier mari…”
Et moi, toute contente je lui dit :
– “Merci grand-mère ! Et comment on fait pour dresser son premier mari ?”
Alors elle s’approche de moi et me glisse dans le creux de l’oreille :
– “Écoute ma petite fille je vais te dire un secret, mais ne le répète à personne !”
Et ma grand-mère me donna alors les précieux conseils qui me seront très utiles pour accomplir mes souhaits en toute tranquillité…
Auteure du dialogue, Shérazade inti hlewa barcha.
Propos recueillis pas Pierre Sarramagnan-Souchier, le 05 mai 2013.
Note 1 : Que l’on se rappelle que ce pays a eu la chance d’avoir un jour sur son chemin un homme d’État courageux et déterminé à faire avancer la condition de la femme. En promulguant le code du statut personnel (CSP) le 13 août 1956, le père de l’indépendance va s’appuyer sur l’émancipation féminine pour revitaliser la société tout entière. Une démarche sans équivalent dans le monde arabe que beaucoup de dirigeants musulmans ont encore du mal aujourd’hui à mettre en œœuvre ! Lire l’article : Et Bourguiba libéra la femme. Il appartient maintenant aux femmes de continuer cette démarche audacieuse pour faire valoir encore plus leurs droits qui semblent vouloir être remis en question par les nouveaux dirigeants actuellement en place, sous la pression des fondamentalistes musulmans. En cas d’échec, on arristerait alors à l’installation d’une nouvelle dictature phallocratique qui aurait remplacé une ancienne dictature pour le plus grand dommage des femmes…
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/quand-les-femmes-musulmanes-135381